S’il n’existe plus d’instruments produits au Moyen Âge, leurs représentations nous sont parvenues sous diverses formes : sculptures religieuses, enluminures, vitraux… Étudiées, elles ont permis de redonner vie à tout un instrumentarium médiéval, aux origines des instruments et musiques que nous pratiquons aujourd’hui.
La passion d’un homme est à l’origine d’une collection étonnante présentée au conservatoire Arthur Honegger. Décédé en 2013, Christian Brassy, professeur d’histoire et géographie au Havre, et surtout médiéviste et chercheur passionné, lègue à la Ville du Havre une centaine d’instruments réalisés dans les années 1980 par son père. Le Conservatoire s’engage à mettre en œuvre des actions de valorisation de cette collection. L’idée est aussi d’y faire naître une formation nouvelle permettant à la fois – c’est une originalité en France – de montrer et d’utiliser les instruments conservés. Chaque semaine, des ateliers animés par des musiciens spécialistes font revivre les sonorités d’alors, complétés par deux chœurs.
Une collection vivante et qui grandit
L’envie dès lors est de constituer un instrumentarium représentatif du Moyen Âge en se rapprochant d’archéo-luthiers chargés de recréer des instruments à partir de l’iconographie médiévale et de recherches. Cet enrichissement progressif s’effectue en parfaite intelligence avec les initiatives de l’association des Prieurales, qui reconstitue des instruments d’après l’iconographie normande issue d’abbayes, comme Graville. L’ensemble de ces instruments aux noms évocateurs – chifonie, organistrum, rebecs, vièles, psaltérion, tympanon… – sont exposés au Conservatoire. Chaque semaine, des classes de CM2 découvrent ces ancêtres bien vivants de nos instruments à cordes, à vent ou de percussion.
Le festival annuel des Prieurales, qui se déroulera au printemps prochain entre abbaye de Graville, Conservatoire et Tetris, contribue lui aussi à faire renaître des arts qui, sans cet instrumentarium unique en son genre, pourraient injustement tomber dans l’oubli.