Des oh ! et des ah ! saluent généralement la découverte de ce chef-d’œuvre de l’architecture mondiale du XXe siècle. Véritable legs de l’architecte Auguste Perret, la reconstruction du centre-ville du Havre est inscrite depuis 2005 sur la liste du Patrimoine mondial de l’Unesco. Aux côtés de l’Hôtel de Ville, l’église Saint-Joseph est l’un des deux édifices majeurs à la « qualité architecturale exceptionnelle », et un monument emblématique du patrimoine en béton armé.
Hors norme, la structure époustoufle d’abord ses visiteurs par l’audace de ses dimensions et les prouesses techniques déployées pour son élévation. Au-delà des caractéristiques techniques, l’élan religieux et spirituel insufflé par le génie de Perret (et de Marguerite Huré, artisane des 12 768 verres de couleurs soufflés à la bouche qui illuminent ses façades) contribue également à l’émoi inspiré par Saint-Joseph.
Une double vocation
Imaginée par le maître du béton pour remplacer l’ancienne église détruite pendant les bombardements, la nouvelle église Saint-Joseph entre en construction le 21 octobre 1951. D’emblée, son destin est tracé : phare spirituel et profane à la fois, le nouvel édifice doit remplir une double fonction laïque et religieuse, tout à la fois mémorial de la guerre et église paroissiale.
L’inspiration de Perret repose sur le plan qu’il avait conçu en 1926 pour le projet de basilique Sainte-Jeanne-d’Arc de Paris, dont le socle faisant office de nef et de chœur supportait un immense clocher. L’abbé Marcel Marie, curé de la paroisse de 1949 à 1970, est conquis par le projet et collabore avec Auguste Perret qui, laïc, se fera pourtant baptiser peu avant sa mort. Leur collaboration se manifeste dans les choix d’agencement intérieur de l’église, notamment du maître-autel central et entouré par les fidèles.
Un legs posthume
L’église Saint-Joseph se dresse dans le ciel du Havre, visible à des dizaines de kilomètres depuis la mer. Du haut des 107,23 mètres de sa tour-lanterne, le phare spirituel occupe une place incontournable dans l’espace urbain et le paysage de l’estuaire de la Seine. Monumentale, l’église s’inscrit dans le renouveau de l’art sacré et réserve un véritable choc émotionnel à ses visiteurs.
Le gros œuvre est terminé en octobre 1956, l’édifice inauguré en juin 1957. La reprise du culte a lieu le 22 mars 1959. Auguste Perret, décédé en 1954, conclut magistralement sa carrière dédiée au béton armé. L’église Saint-Joseph, inscrite au titre des monuments historiques dès 1965 (son classement interviendra en 2008), est l’une des toutes premières réalisations du XXe siècle à bénéficier d’une telle reconnaissance institutionnelle. Sa consécration en 1964 marque la fin officielle de la reconstruction du Havre.