La force des femmes, c’est d’être ensemble

Le mouvement féministe et d’éducation populaire est national. Initialement appelé « Union des femmes françaises », il est fondé au lendemain de la Seconde Guerre mondiale avec une ambition phare : apprendre aux femmes à connaître leurs droits. « En 1945, des comités de femmes se sont regroupés dans plusieurs villes de France. Au Havre, le premier remonte à 1957 », raconte Claudine. En 1992, le mouvement est renommé « Femmes solidaires » : « Je me suis réjouie de ce changement de nom. Nous accompagnons toutes les femmes, y compris celles venues de l’étranger et leur famille. »

Très engagée sur le sujet depuis Mai-68, Claudine fait encore ce constat : « Beaucoup de femmes ne connaissent pas leurs droits, encore aujourd’hui. » La création de la Marche mondiale des Femmes en 1995 a donné un écho sans précédent aux revendications en faveur du droit des femmes. Depuis sa création, Femmes solidaires prend part à cet événement organisé tous les cinq ans.

Accompagner, éduquer, lutter contre les discriminations

Le champ d’intervention de l’association est large et ses valeurs s’incarnent à travers de nombreuses actions. « Nous accompagnons les femmes au quotidien : aller au commissariat de police, chez l’assistante sociale, ou gérer une urgence quand cela est nécessaire. » Femmes solidaires travaille en lien avec le Réseau VIF (Violences Intra Familiales), AVRE 76 (Aide aux Victimes par la Réparation et l’Entraide), le CIDFF (Centre d’Information du Droit des Femmes et des Familles), la police et l’aide sociale notamment. « Sur demande, l’association intervient dans les établissements scolaires, auprès des organismes de formation (RECIFE, GRETA, FODENO). Nous sensibilisons sur des thématiques variées : l’égalité femmes-hommes, le racisme, la lutte contre les stéréotypes et toutes les formes de discriminations. » L’association soutient en parallèle l’AHSETI (Association Havraise de Solidarité et d’Échanges) en proposant des cours de français aux migrants, ainsi que de l’aide aux devoirs pour leurs enfants.

Partager et créer du lien

Claudine anime aussi des ateliers de gymnastique bien-être ainsi que des groupes de parole avec une psychologue et une intervenante. « Nous avons travaillé avec Christine Hinfray, auteure havraise du livre autobiographique Ce silence qui nous brise, sur le thème de l’inceste et des violences conjugales. »

Des débats en résonnance avec l’actualité animent régulièrement le café littéraire Les Yeux d’Elsa. Simone Veil, Gisèle Halimi, Joséphine Baker… Des échanges sont initiés autour du parcours de femmes reconnues pour leur engagement. « Ces débats rencontrent un vrai succès, notamment auprès des jeunes », se réjouit Claudine.

Réunir les femmes autour de la création artistique

L’association a été approchée à l’automne dernier par trois étudiantes de Sciences Po souhaitant développer un projet civique autour de l’art et de la cause des femmes : Isis, Kaja et Serena. C’est ainsi que sont nés les ateliers « Crayons ensemble » à la Fabrique Saint-Vincent.

« Nous devons choisir une cause et nous engager auprès de la Ville du Havre tout au long des trois années de Licence. À l’issue de cette expérience, nous rédigeons un dossier pour en dégager des pistes de réflexion, identifier les éventuels problèmes rencontrés et les solutions envisageables, explique Serena, originaire de Tours. Personnellement, je me suis toujours particulièrement intéressée au rôle de l’art dans la lutte contre les inégalités. Avec ce projet, nous avons de plus l’avantage de sortir du campus et d’aller à la rencontre des Havrais. » « Au lycée, je faisais partie d’un atelier artistique, où je me suis passionnée pour la peinture, poursuit Isis, originaire de Nantes. J’ai voulu lier cet intérêt avec mon engagement pour le féminisme. » Et Kaja, étudiante polonaise pour qui ce choix de projet est une évidence, de conclure : « Je suis féministe ! »