- lehavre.fr : Vous avez grandi au Cap-Vert et vous avez voyagé toute votre vie. Comment vos expériences dans les Caraïbes et en Europe ont-elles influencé votre musique ?
Mayra Andrade : Je suis née à Cuba. Enfant, on me parlait beaucoup de cette île où il y avait beaucoup de musique et de musiciens. Cela me faisait me sentir assez spéciale! Mes parents écoutaient beaucoup de musique cubaine. Ensuite, l’influence du zouk est arrivée par les Antilles. Le groupe Kassav’ est venu en concert au Cap-Vert quand j’étais petite, et pour moi c’était comme si Beyoncé avait débarqué! Plus tard, le métissage culturel de villes comme Paris, où j’ai vécu, et Lisbonne, où j’habite désormais, a joué dans ma façon d’aborder la musique et la vie en général. Tout comme le fait d’habiter au Sénégal, en Angola… Je vois toute cette diversité du monde comme une énorme richesse qui nourrit l’imaginaire. Actuellement, je suis en train d’écrire un nouveau chapitre de ma musique. Il s’agit d’un album à un stade initial, mais il y a déjà du groove et de belles mélodies qui se dessinent…
- lehavre.fr : Vous avez une incroyable admiration pour Cesária Évora. Quel est le meilleur conseil qu’elle vous ait donné ?
M.A. : J’ai rencontré Cesária quand j’avais 12 ans, en Allemagne. Mon beau-père y était ambassadeur du Cap-Vert. Après un concert de Césaria, je suis montée sur scène pour lui offrir un bouquet de fleurs au nom de l’ambassade. Dans les loges, je lui ai dit que j’étais chanteuse, et elle m’a répondu : “Si tu es chanteuse, rappelle-toi toujours que c’est le public qui décidera ce qui sera fait de toi, s’il te met tout en haut, ou s’il te laisse tomber.” Ensuite, Cesária m’a offert à son tour un bouquet. Je suis rentrée chez moi très fière, avec ce beau bouquet – c’était le premier que l’on m’offrait! – et ce conseil de Cesária que je n’ai jamais oublié. Des années plus tard, nous avons chanté ensemble. Nous sommes devenues amies.
- lehavre.fr : Vous avez travaillé avec des artistes français comme Charles Aznavour et Benjamin Biolay. Quels sont vos liens avec la France ?
M.A. : Il est ancien, profond et très lié à ma musique. Il a commencé bien avant mon arrivée en France car dans les différents pays où j’ai vécu , j’ai fait toute ma scolarité dans des écoles françaises. A mon arrivée à Paris, à 17 ans, j’étais donc déjà très familiarisée avec la culture française et francophone. J’ai démarré ma carrière en Paris, et je continue à y travailler. Mon groupe est d’ailleurs installé en France.
Mayra Andrade. Le samedi 24 juillet à 21h45, MoZ’aïque Sessions 2021. Informations sur le site de MoZ’aïque.