MuMa – Volcan : 60 ans de culture généreuse

1961 – 2021

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, Le Havre se relève et devient le laboratoire d’une France tournée vers le progrès et l’avenir. La reconstruction de la ville, confiée à l’architecte Auguste Perret, fait naître l’idée même de la modernité urbaine et des modes de vie. L’autre chantier innovant est celui de la culture. Sous une double impulsion politique et artistique, incarnée par le ministre André Malraux et le peintre Reynold Arnould devenu promoteur du projet havrais, naît le 24 juin 1961 au Havre le tout premier Musée-Maison de la culture de France. « Il n’y a pas une maison comme celle-ci au monde, ni au Brésil, ni en Russie, ni aux États-Unis. Souvenez-vous, Havrais, que l’on dira que c’est ici que tout a commencé », prononcera André Malraux, ministre d’État des Affaires culturelles, le jour de l’inauguration. Quelle était l’ambition qui se dévoilait derrière le bâtiment de verre et de métal, lui aussi futuriste ?

Le musée réinventé

En 1952, le Havrais Reynold Arnould entame sa réflexion visant à dépasser le modèle traditionnel de musée. Il imagine un lieu qui, sortant du seul rôle de conservation des œuvres d’art, servirait au partage, à la création, à l’éveil de la curiosité. Le dévoilement en 1961 de l’architecture toute en transparence de la Maison de la culture est aux antipodes des salles de musées habituelles. Elle traduit une volonté d’interaction avec la ville et ses habitants et promet une grande flexibilité des espaces. La démonstration de cette polyvalence se fait tout au long de la journée d’inauguration : musée le matin, salle de concert de 500 personnes en début d’après-midi, à nouveau musée pour l’ouverture au public deux heures plus tard, et enfin, salle de cinéma à 18 h ! Prototype expérimental, cette toute nouvelle cathédrale de la culture bénéficie alors d’une visibilité nationale. Que reste-t-il de l’esprit qui soufflait ce jour ?

Une idée qui a germé

Derrière l’objectif simple des Maisons de la culture de rendre les œuvres majeures accessibles au plus grand nombre, se cache un tour de force technique. Or, le calme nécessaire à la conservation préventive des œuvres s’accommodait assez mal du rythme qu’imposait la modularité des lieux. La Maison de la culture du Havre, qui a le statut de structure associative à ses débuts, s’installe finalement en 1982 dans le nouvel espace conçu par Oscar Niemeyer, devenu la Scène nationale du Volcan. L’utopie a-t-elle vécu ? « L’expérimentation initiée au Havre a grandi et a permis l’émergence de lieux bien identifiés comme le MuMa, le THV ou le Volcan, qui partagent une même ambition de mettre la culture à la portée de tous », rectifie Annette Haudiquet, conservateur en chef du MuMa, dont l’enrichissement important des collections au fil des décennies justifiait l’institutionnalisation. D’ailleurs, les collections permanentes, expositions temporaires, espaces d’information et d’étude, cycles de conférences et projections de films, ateliers de création qui y sont proposés sont autant de fonctions, novatrices en 1961, devenues indissociables aujourd’hui du musée. L’association Maison de la culture du Havre continue elle aussi d’exister : elle réunit des citoyens qui participent à la démocratisation de la culture et siège au conseil d’administration du Volcan.